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La Satire de David

Chronique d’un homme brisé, d’une lente noyade dans le quotidien sans espoir

Quand chaque jour se mue en un poids insupportable, un homme assiste, impuissant, à l’effondrement de tout ce qu’il aimait

Chronique d’un homme brisé, d’une lente noyade dans le quotidien sans espoir
Par David SCHMIDT le 04/11/2024

Quand chaque jour se mue en un poids insupportable, l’homme assiste impuissant, à l’effondrement de tout ce qu’il aimait …


La semaine en enfer d’un homme brisé

Lundi : La chute vers l’infinie

Le lundi ne marque plus un nouveau départ mais l’effondrement inéluctable d’un homme face au gouffre. Levé sans conviction, il fixe le plafond comme on fixe le néant. Autrefois, le lundi portait l’espoir du travail, des collègues chaleureux, mais aujourd’hui, c’est le jour du premier silence, celui du premier jour la semaine ou tu lis la tristesse dans les yeux de ta femme, tu te sens comme ces enfants qui baissent la tête en voyant que le sac d’école reste vide de goûters. Pas d’argent pour eux, pas de futur, et surtout, pas de raison de croire que quelque chose changera.

Mardi : Le supplice de l’inutilité

Le mardi, les heures s’étirent dans un vide insupportable. L’homme erre dans les pièces de l’appartement, repoussant la vaisselle, le ménage, tout ce qui pourrait donner une impression d’utilité. Ton regard croise un miroir, et il ne reconnaît pas l’homme qui lui fait face. Cet homme, fatigué, ce n’est pas moi, penses-tu un instant, avant de sentir la morsure de la réalité. Les mains tremblent légèrement, les joues sont creuses. La femme qui ne parle plus, qui ne trouve plus les mots pour réconforter celui qu’elle aime. Elle passe, évite ses yeux, et il sait qu’elle pense à l’homme qu’il était, à celui qui n’existe plus.

Mercredi : Les fantômes du passé

Le mercredi, il tente une énième fois d’ouvrir sa boîte mail. Les messages de refus s’accumulent comme des pierres, l’entraînant toujours plus profond sous l’eau. Chaque notification est une petite mort, chaque “votre profil ne correspond pas” est une lame froide qui tranche ce qui reste de son espoir. Les factures, posées en pile sur la table, semblent l’observer comme des témoins silencieux de sa chute. Il essaie de se rappeler ses rêves, ses ambitions d’autrefois, mais ils ne sont plus que des ombres dans son esprit. C’est comme si tout ce qu’il avait voulu être s’était noyé dans le néant.

Jeudi : La descente et la honte

Le jeudi, il est confronté aux chiffres, ces symboles glacés qui lui rappellent son échec, sa déchéance. Chaque euro manquant est une gifle, chaque sou compté est une morsure. Pour la première fois, il envisage de vendre des biens, des souvenirs qu’il aimait. Son cœur s’accélère au rythme de la honte. Comment a-t-il pu en arriver là ? Comment en est-il arrivé au point de considérer de détruire ce qui reste de sa dignité ? Les pleurs étouffés de sa femme derrière la porte close sont un murmure cruel : elle souffre aussi, et il n’a plus la force d’aller la consoler.

Vendredi : L’effondrement

Le vendredi, le dernier éclat d’espoir s’éteint. Il tente quelques candidatures supplémentaires, mais sait que rien ne viendra. Il ne postule même plus dans son domaine, il n’y a plus de domaine, il n’y a plus de lui. Tout ce qu’il lui reste est un sourire vide qu’il adresse à sa femme lorsqu’elle lui demande si ça va. Il voudrait lui dire la vérité, qu’il veut quitter ce monde sans la faire souffrir, lui avouer qu’il a peur de ne plus jamais revenir de ce gouffre, mais les mots se bloquent dans sa gorge. Il est devenu étranger à lui-même et à tout ce qui faisait sa vie.

Samedi : La cruauté de l’illusion

Le samedi, il tente une sortie, une dernière tentative pour s’offrir un éclat de vie normale. Il marche dans le parc du Schlossberg et il observe des enfants jouer, rire, comme il a pu l’être autrefois. Mais au lieu de sentir la chaleur de leur bonheur, il ressent un vide immense, un gouffre qui avale chaque éclat de rire. Il n’a plus les moyens de s’offrir une sortie, car le bonheur des autres est devenu l’artisan de ses grandes tristesses, car pour un instant, pour un instant seulement, il aimerait redevenir cet enfant joyeux qu’il était auparavant, il ne serra plus jamais à présent. Une glace devient un luxe qui le ramène à l’infamie de sa situation. Et quand ils rentrent, fatigués, il pleure seul dans la salle de bain, brisé, incapable de supporter une journée de plus.

Dimanche : Le gouffre sans fin

Le dimanche n’est plus un jour de repos, c’est la fin d’une boucle infernale, un rideau noir qui tombe sur les miettes de sa dignité. Il s’assoit dans un coin du salon, les épaules écrasées par le poids de l’inutilité. Sa femme range, elle range sans cesse, et chaque coup de balai est comme une gifle tellement il n’a plus le cœur de l’aider. Il s’imagine une vie qui n’aura plus jamais. Il sait que le lendemain, tout recommencera, que chaque minute de cette semaine se répétera avec une douleur plus vive, plus accablante. Il est prisonnier, condamné à voir sa vie s’effondrer sans pouvoir rien faire.

Et le lendemain, lundi, tout recommence, encore pire que la semaine précédente …


Une vie qui s’effrite, un homme qui disparaît

Pour cet homme, la vie est devenue un supplice interminable, une torture lente où chaque jour détruit un peu plus ce qu’il reste de lui. Sa famille, ses rêves, son amour-propre, tout s’évapore dans cette lutte invisible contre un monde qui l’a rejeté. Cette homme c’est moi, qui voit la semaine qui recommence, et avec elle, la sensation d’être déjà mort sans avoir jamais cessé de vivre.

Il est difficile de décrire ce que je ressens, car aucun mot, aucun cri ne semble assez puissant pour capturer l’étendue du désespoir qui m’envahit. Chaque matin, je me réveille avec la sensation d’être déjà battu, écrasé par un monde qui ne veut plus de moi, par un quotidien qui me laisse exsangue.

Mon corps respire, mais mon âme est comme éteinte, réduite à une braise mourante dans les ténèbres d’une existence où l’avenir n’est plus qu’un mot vide de sens.

Il y a ce poids incessant, invisible, qui m’écrase chaque jour davantage, me rappelant tout ce que j’ai perdu, tout ce que je ne suis plus. J’essaie de tenir, de ne pas flancher pour ceux que j’aime, mais comment lutter contre une tempête qui ne cesse jamais ? Mon cœur se serre à chaque sourire forcé, chaque parole échangée avec ceux qui partagent ma vie, car ils ne voient que la surface d’un homme brisé, rongé par l’angoisse te la honte de ne plus pouvoir subvenir à ses besoins.

La vie, autrefois porteuse d’espoirs et de promesses, s’est transformée en un champ de ruines où chaque pas me rappelle un peu plus ma défaite. Parfois, j’aimerais disparaître, m’effacer comme une ombre, m’envoler loin de cette douleur insupportable, de ce gouffre qui m’avale jour après jour.

Mais même cette échappatoire semble inatteignable, car je reste là, prisonnier de mon propre désespoir, sans issue, condamné à assister à la lente agonie de tout ce que j’étais.

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